

Des pionniers dans la production de semences d’une nouvelle variété de sorgho au Burkina Faso ont innové en utilisant les réseaux sociaux. Tournant les projecteurs sur Soubatimi, une variété de sorgho que le projet AVISA diffuse, ils ont trouvé un moyen efficace de contourner l’un des plus grands obstacles à l’adoption de cultures améliorées.
« Dès notre première année de culture de Soubatimi, j’ai pris des photos des plantes tous les 15 jours que j@i postées sur Facebook et WhatsApp », a déclaré M. Sana Pascal Ouedraogo, un technicien de recherche désormais producteur agricole dans sa retraite. « Les gens étaient heureux de voir les performances de la variété et étaient curieux d’en savoir plus » dit-il.
« La plupart des gens ont été impressionnés par les plants et les feuilles qui sont restés verts jusqu›à maturité », ajoute Henri Zoungrana, qui s’est associé à M. Ouedraogo en 2019 pour produire des semences de Soubatimi sur 6 ha dans la province de Zoundweogo, à environ 102 km de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.
Pourquoi Soubatimi ?
Soubatimi est une culture à double usage pour l’alimentation humaine et animale. Il a été développé par l’ICRISAT au Mali et l’Institut d’économie rurale (IER) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD). Peu de temps après sa diffusion en 2016, la variété est devenue l’une des variétés de sorgho les plus populaires du Mali. Il a depuis été testé au Burkina Faso, au Ghana, au Niger, au Nigéria et au Togo. Ensuite, la production de ses semences certifiées a commencé en 2019 au Niger et au Burkina Faso.
Selon le Dr Baloua Nebié, sélectionneur de sorgho à l’ICRISAT au Mali, Soubatimi peut produire jusqu’à 2 tonnes de céréales par hectare et 10 tonnes de tiges sèches par hectare dans les champs des agriculteurs. Au cours des deux dernières années de production de semences, plus de 100 agriculteurs de Zoundweogo ont appris l’existence de la variété via les médias sociaux et près de la moitié d’entre eux ont pu obtenir des semences lors de la prochaine saison agricole. Environ 10 tonnes de semences certifiées issues de la récolte 2020 ont été mises à la vente dans la zone de Manga et seront utilisées pour planter environ 1 200 ha cette année.
Jusqu’alors « La méconnaissance des variétés améliorées se traduit par une faible adoption par les agriculteurs. Accroître la sensibilisation aux nouvelles cultures et améliorer l’accès à leurs semences est essentiel pour atteindre les objectifs d›une productivité accrue, de revenus plus élevés et d›une meilleure nutrition », a signalé le Dr Nebié. « La communication d’agriculteur à agriculteur est très influente et notamment sur les réseaux sociaux. Pour les chercheurs et les institutions, c’est un coup d’accélérateur pour intégrer étroitement les médias sociaux à d’autres moyens de vulgarisation » explique- t-il. Les propos du Dr Nebie sont confirmés par la possession de téléphones portables et le nombre de médias sociaux en Afrique. Environ 1,08 milliard de personnes auraient eu un téléphone mobile en 2020. Parmi eux, 217,5 millions ont utilisé les réseaux sociaux, en hausse d’environ 12% par rapport au nombre d’utilisateurs en 2019. Les agriculteurs devraient profiter cette croissance au cours des prochaines années.
Pour obtenir la certification des semences au Burkina Faso, les producteurs de semences doivent sécuriser et cultiver Soubatimi sur au moins 3 ha de terres isolées des autres champs de sorgho d’au moins 200 m. Le champ doit être visité par les inspecteurs des semences au moins trois fois avant la récolte.
Effet d’entraînement
Le partage entre pairs que des agriculteurs comme
M. Ouedraogo et M. Zoungrana ont lancé a conduit un jeune agriculteur d’un village voisin à se lancer dans la production de semences de Soubatimi. « J’ai vu des photos de la variété sur WhatsApp et j’ai décidé de la produire la même année. Je suis très intéressé par les tiges de Soubatimi que les animaux aiment beaucoup. Avec cela, je peux économiser de l’argent dédié à acheter des aliments pour mes animaux », estime Dominique Dipama qui possède 50 vaches. Au village de Tintanga, à environ 20 km de Ouagadougou, le célèbre producteur de sorgho Hamado Bougoumpiga a déjà goûté aux avantages de la variété. Pour M. Bougoumpiga, qui possède un troupeau de 30 vaches, la qualité de l’alimentation de ses animaux est tout aussi importante que le grain pour la consommation de son ménage. « Je cherchais des variétés améliorées de sorgho à haut rendement fourrager. Quand j’ai vu les photos de Soubatimi sur Facebook, j’ai tout de suite décidé de les produire. Un mois après le semis, mes animaux l’ont goûté et ils ont clairement aimé les tiges sucrées », a-t-il déclaré. « Quand j’ai vu les panicules trois mois plus tard, j’ai su que j’avais fait un bon choix », ajoute-t-il d’un air radieux.
Source: https://www.icrisat.org/breaking-barriers-to-uptake-of-improved-sorghum-in-burkina-faso-one-social-media-post-at-a-time/
Auteur
Moussa Magassa, Assistant Communication à l’ICRISAT Afrique de l’Ouest et du Centre au Mali.