

Au Burkina Faso, avec le projet ICRISAT TL III (International Crops Research Institut for Semi-Arid Tropics-Tropical Legumes phase III) financé par la Fondation Bill et Melinda Gates, sept (7) nouvelles variétés d’arachide ont été inscrites au catalogue régional de l’Afrique de l’Ouest en 2018.
Six (6) variétés sont de cycle court (90 jours) et ICGV 01276 a un cycle de 105 jours. Elles sont soit tolérantes à l’aflatoxine soit résistantes à la sécheresse ou résistantes aux maladies foliaires.
Plus de 20 ans après l’inscription des dernières variétés au catalogue, l’Institut de l’Environnement et Recherches Agricoles (INERA) à travers son unité arachide et en collaboration avec ICRISAT a effectué ainsi un pas important dans la recherche notamment en mettant en place un programme de croisement et d’évaluation des variétés qui a permis d’obtenir ces résultats. Parmi les sept (7) variétés, ICGV 93305 (Miou Paale) et ICGV 91328 sont des variétés à cycle court et tolérantes à l’aflatoxine. Les variétés Kiema, ICGV-IS 13830, ICGV-IS 13912 et ICGV-IS 13806 sont aussi des variétés à cycle court et résistantes à la sécheresse. Selon M. Sy Appolinaire TRAORÉ, chercheur à la section arachide de l’INERA, ces 4 dernières variétés sont aussi appréciées pour leurs “ graines légèrement grosses ”, signale-t-il. La dernière variété homologuée est la ICGV 01276 qui est résistante aux maladies foliaires. C’est une variété à cycle intermédiaire et “stay green”. Toutes ces variétés sont à hauts rendements car “pour la section arachide de l’INERA, une variété n’est proposée pour inscription que lorsque le rendement est supérieur à 1,5 tonne par hectare. C’est le cas pour ces sept (7) variétés ”, explique Appolinaire.
Cette avancée majeure de la section arachide de l’INERA est le résultat de plus de 200 démonstrations et visites commentées réalisées avec des paysans et compagnies semencières dans les quatre (4) grandes zones de production d’arachide au Burkina à savoir les Régions du Centre-Nord, Centre-Ouest, Centre-Est et la Boucle du Mouhoun. Durant ces activités, les paysans ont pu choisir eux même les variétés qu’ils préfèrent. « La sélection s’est faite par étape. D’abord, les paysans apprécient le développement morphologique des plants sur les parcelles par sexe (homme et femmes) et par âge », explique Sy Appolinaire. Après cette étape, vient celle du choix aléatoire de cinq plants par les paysans pour chaque variété. L’objectif de cette étape est d’apprécier la productivité des variétés sur la base des critères comme la grosseur des gousses et des graines, le pourcentage de maturité et la couleur des graines sans oublier le développement des fanes.

Pour Tarpaga François dans le village de Daltenga à environ 15 Km de Koupela dans la Région du Centre-Est du Burkina Faso, le choix a vite été fait, « j’ai choisi les variétés tolérantes à la sècheresse parce la saison des pluies est courte dans notre zone avec des poches de sécheresse fréquentes et importantes. Avant je cultivais l’arachide mais mes rendements étaient autour de 700-800 kg/ha », dit-il. Depuis qu’il cultive les variétés améliorées de l’INERA et avec les formations reçues sur l’itinéraire technique de production de l’arachide, « j’ai atteint des rendements entre 1300 à 1500 kg/ha », témoigne Tarpaga. Ayant un cheptel depuis quelques années, Taparga explique avoir nourri ses bœufs en 2018 avec les fanes de sa recolte d’arachide, « grâce à ces fanes, j’ai économisé plus de 700 000 Fcfa lors de la saison sèche pour les aliments de bétail ». Dans le souci de moderniser ses activités de production notamment celle de l’arachide, Taparga s’est approprié une nouvelle machine agricole, « l’argent obtenu de la vente de mes semences et de quelques bœufs m’a permis d’acheter un tracteur Foton à 10 millions (18,000 $) », raconte-t-il.
Dans cette partie du Burkina Faso, les femmes s’intéressent davantage à l’agriculture et à l’élevage. De ce fait elles se sont lancées dans la production de semences communautaires de l’arachide. Faisant souvent face seules à certaines charges de la maison, la vente de ces semences et des animaux comme les chèvres et les moutons les aide à mieux s’occuper de la maisonnée et souvent même à scolariser les enfants. Les deux femmes de Tarpaga ont acheté chacune avec l’argent de la vente de leur propre production une brebis. Cela a entrainé un engouement chez les autres femmes pour la culture de l’arachide. Les deux femmes ont aujourd’hui un petit troupeau qui compte entre trois à quatre moutons. Un autre exemple palpable des réussites de la production des variétés améliorées d’arachide se trouve dans le village de Sangha à environ 20 Km de Cinkensé toujours dans la Région du Centre-Est du Burkina Faso.
« J’ai vendu mon arachide à 30 000 FCFA le grand sac et j’ai eu 500 000 FCFA. J’ai acheté une moto à 400 000 FCFA et aider mon mari à payer la scolarité des enfants avec le reste de l’argent», témoigne Marguérite Koara
Des témoignages similaires sont aussi au niveau des plateformes du Centre-Ouest et du Centre-Nord.
L’inscription de ces variétés au catalogue régional en plus d’être une réussite pour la recherche est une véritable aubaine pour les producteurs et productrices de l’arachide au Burkina Faso. Des recherches similaires entreprises dans le cadre du projet ICRISAT TL III qui a pris fin en février dernier continuent dans le cadre du projet AVISA financé toujours par la Fondation Bill et Melinda Gates dans 7 pays en Afrique de l’Est et de l’Ouest.
Auteur
Moussa Magassa est un Assistant Communication à l’ICRISAT Afrique de l’Ouest et du Centre au Mali.