Ruée des jeunes burkinabés dans le métier de la production de semence améliorée

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Noyeza Bonzi (à gauche), Dr Chris Ojiewo coordinateur global des projets HOPE II et Avisa (au centre) et Augustin Bonzi (à droite) dans le champs des Bonzi. Credit photo M. Magassa, ICRISAT

La production de semences est une activité très rémunératrice qui attire les jeunes des communautés agricoles du Burkina Faso. Les agriculteurs qui se sont lancés dans cette activité ou en complément de leur activité agricole habituelle, font état d’une augmentation significative de leurs revenus, qui diffèrent d’un producteur à l’autre en fonction de l’espace disponible et des techniques de production. “Les variétés améliorées ont un rendement impressionnant et la vente des semences est encore plus rentable”, explique M. Noyeza Bonzi, cultivateur de sorgho et producteur de semences expérimenté. En tant qu’ancien président du comité céréalier spécialisé des “Groupements pour la Commercialisation des produits Agricoles de la Boucle du Mouhoun” (UGCPA/BM), et président de l’ “Union régionale des producteurs de semences de la boucle de Mouhoun“, M. Noyeza a réussi à rassembler un grand nombre d’agriculteurs dans la production de semences à travers une association qui compte plus de 4 500 agriculteurs, dont 105 groupements de base et 700 producteurs de semences. Par an, l’union produit environ 500 tonnes de semences de sorgho, 60 tonnes de semences de niébé et 20 tonnes de semences d’arachide. Toutes les semences utilisées sont des variétés améliorées développées et diffusées par les projets Harnessing Opportunities for Productivity Enhancement (HOPE) et AVISA, tous deux financés par la Fondation Bill & Melinda Gates ; le projet Networking4Seed financé par la fondation McKnight.

Après dix ans dans la production de semences, Noyeza a décidé d’impliquer son fils Augustin Bonzi dans les activités quotidiennes de l’exploitation. Aujourd’hui, son fils gère cette entreprise familiale avec une équipe de sept personnes et connaît les tenants et aboutissants de la production de semences au Burkina Faso.

Guider la communauté

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Ms Kafando Koutou Assetou in her cowpea field. Crédit photo : Femmes battantes

Parmi les agricultrices de l’union, il y a Mme Kafando Koutou Assetou. Veuve et mère de nombreux enfants, Mme Kafando s’occupe de sa famille depuis le décès de son mari. “Je m’en sort grâce à la production de semences”, dit-elle. Elle s’est lancée dans la production de semences améliorées de niébé, notamment la variété ” Komcallé “. ” Je produis des semences chaque année depuis plus de 10 ans sur 30 hectares de terre pour différentes cultures, notamment le niébé, le sorgho, le mil et l’arachide “, dit-elle. Cette année, en raison de l’insécurité au Burkina Faso et du nombre croissant d’attaques terroristes, elle a trouvé un nouveau terrain à Dedougou où elle a cultivé 12 hectares. Mme Kafando a produit 2 tonnes de semences de niébé qu’elle a vendues pour plus de 3 millions de FCFA (environ 5 450 USD) à partir d’un investissement initial d’environ 850 000 FCFA (1 540 USD).

Monsieur Konkobo Sibiri est également producteur de semences dans la région de la boucle de Mouhoun, notamment dans la province de Kibiri. Enseignant de profession, il a pris un congé en 2020 pour se consacrer à la production de semences. C’est au volant de sa voiture 4×4 qu’il visite ses 150 hectares de champ. Une chose qu’il n’aurait jamais imaginé réaliser en tant qu’enseignant. “La production de semences fait de moi une personne respectable et respectée de tous. J’ai acheté une voiture, 3 camionnettes et 1 tracteur pour transporter les récoltes et labourer les champs. Je suis passé d’enseignant à producteur de semences et je suis fier du résultat aujourd’hui”, a-t-il déclaré. Par an, la vente de ses semences de sorgho, de mil, d’arachide et de niébé génère environ 40 millions de FCFA (environ 72 000 USD). Par exemple, en 2019, il a produit 27 tonnes de graines de sorgho, 6 tonnes de graines de mil, 8,5 tonnes de graines de niébé et 5,6 tonnes de graines d’arachide. ” J’ai vendu chaque kg de sorgho et de mil à 750 FCFA (environ 1,35 dollar américain). Pour le niébé et les graines d’arachide, j’ai vendu 1kg à 1.200 FCFA (environ 2,15 USD). Donc, je n’ai rien à envier à un fonctionnaire”, a-t-il ajouté en souriant.


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Konkobo Sibiri in his cowpea field. Photo: M. Magassa, ICRISAT

Père de 4 filles, M. Konkobo partage sa passion avec ses enfants, “quand je parle à mes filles, je leur dis toujours que les gens vont à l’école pour trouver un travail et obtenir un salaire pour prendre soin de leur famille. La production de semences est une activité très rentable et elles sont d’accord avec moi parce qu’aujourd’hui je suis en mesure de mieux m’occuper d’elles”, a-t-il déclaré.

Diriger la famille
M. Noyeza, qui possède et exploite 120 ha dans le village de Kosso, au Burkina Faso, a adopté très tôt des variétés améliorées telles que Sariasso 15, Sariasso 16, Sariasso 18 et Sariasso 20. “Au cours de la campagne agricole 2019, j’ai récolté 33 tonnes sur 30 hectares. Pour la saison de culture 2020, je prévois entre 55 et 60 tonnes de semences sur 50 hectares”, explique Noyeza. Il s’attend à vendre sa production à un prix de marché entre 500 et 800 FCFA/kg (environ 1$ à 1,45$) pour les céréales et les graines respectivement. “Cela dépend de l’acheteur. En général, le prix est très bas pour les agriculteurs, mais si le gouvernement achète, les choses peuvent être légèrement différentes”, sourit-il.

Augustin Bonzi installé sur son nouveau tracteur. Credit photo: M. Magassa, ICRISAT

Récemment, M. Bonzi s’est offert trois nouveaux tracteurs. Il decide d’offrir un tracteur à son fils Augustin. Un geste salué par celui là même qui est sans nul doute l’héritier de sa grande production de 120 ha dans le village de Kosso. Ce qu’Augustin apprécie le plus dans son métier, c’est de travailler avec les tracteurs. “Je travaille deux fois plus vite et le résultat est satisfaisant au moment de la récolte”, dit-il.

Au Burkina Faso, de nombreux petits agriculteurs sont devenus des producteurs de semences grâce à l’aide d’organisations paysannes comme l’UGCPA/BM et d’organismes de recherche (INERA et ICRISAT) qui soutiennent le renforcement des capacités des acteurs par le biais de formations et d’autres activités connexes telles que des visites de terrain et des parcelles de démonstration. De Dedougou à Toungan et Toma, de nombreux autres agriculteurs attendent leur tour pour réaliser leur rêve. Celui d’être appelé “producteurs de semences”.

About the author

Moussa Magassa is a Communication Assistant in ICRISAT’s West and Central Africa Program and based in Mali.

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